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Libération
Critique

Hendrick Goltzius haut la main

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publié le 16 mai 2003 à 23h01

L'exposition qui se tient encore pour une dizaine de jours à Amsterdam, avant de partir pour tout l'été au Metropolitan de New York, est des plus émouvantes. Elle met en scène les oeuvres d'Hendrick Goltzius (1558-1617), un artiste dont le nom reste inconnu et qui fut pourtant, avec Rembrandt, le plus brillant des graveurs et dessinateurs du XVIe siècle hollandais. Dans un dessin à la plume de 1588, représentant une main, l'artiste montre son exceptionnelle dextérité dans la technique de la gravure, dont il reprend les traits croisés pour figurer les ombres et lumières et faire ressortir la saillie des veines, des os et des tendons, jusqu'à la boursouflure des tissus cicatriciels de l'index.

Crispée, bosselée et couturée, légèrement inclinée, l'index tordu, le majeur tendu et écrasé, l'auriculaire amputé, cette main tient pourtant sa propre élégance, formant une adresse aussi bouleversante que celle de Michel-Ange à la chapelle Sixtine. Or ce membre mutilé n'est autre que celui de l'artiste. A l'âge d'un an, Hendrick Goltzius avait été grièvement brûlé en tombant dans l'âtre. Sa main droite resta partiellement bloquée.

Signature. L'oeuvre magistrale la représentant a probablement été acquise par l'empereur Rudolf II avant de passer dans la collection de la reine Christine de Suède. Un chirurgien plastique a consacré une thèse à ce dessin, dans lequel il retrouve avec exactitude les traumatismes d'un grand brûlé.

Le plus fascinant est que Goltzius aurait été droitier, si l'on se