Dévoilée en 1996, la production signée Stéphane Braunschweig de Jenufa revient au Châtelet. On connaît la palette réduite au noir, au gris et au rouge du metteur en scène, né en 1964, son sens du dépouillement qui récemment encore Elektra à Strasbourg portait drames et passions à incandescence.
On connaît également l'histoire, d'une simplicité biblique, du chef-d'oeuvre de Janacek : engrossée puis abandonnée par le frivole Steva son cousin tombé entre-temps amoureux de la fille d'un juge , Jenufa cache son fils avec la complicité de sa belle-mère, Kostelnicka. Refusant ce déshonneur et déterminée à la voir épouser Laca, «vertueux» demi-frère de Steva, Kostelnicka noie en secret le nourrisson. Son crime, découvert au moment des noces de Jenufa et Laca, n'empêchera pas l'amour, ou plutôt une certaine idée terrienne de l'humanité, qui persévère dans son être par-delà Bien et Mal chrétiens, de triompher.
Vérisme mental. Loin de toute tentation romantique, le vérisme de Janacek est très mental, à commencer par la facture coupante de la partition figures musicales non motiviques, cellules répétitives, modalité puisée dans un matériau folklorique recomposé. Braunschweig lui répond par les ailes d'un moulin écarlate surgissant du sol, un berceau vide sous la neige, un lac mortel suggéré hors champ par une fissure du décor, et une croix de lumière projetant la puissance de la Loi sur les protagonistes.
Luxe inouï. Aux vocalistes de relever le défi du lyrisme de l'immanence, plu