Est-ce la revanche de Jupien, le personnage du giletier dans la Recherche ? Le célèbre «questionnaire de Proust» est aujourd'hui entre les mains d'un créateur de prêt-à-porter, Laurent Gerbi. Le patron de la société Gérard Darel a laissé dans l'affaire 120 000 euros, frais de vente compris. Et il n'est pas mécontent que cela se sache.
C'était mardi à Drouot. On vendait aux enchères l'album d'Antoinette Faure, dans lequel Proust, alors âgé de quatorze ou quinze ans, a répondu aux questions rituelles sur ses goûts et désirs (Libération des 24 et 25 mai). L'objet est parti à un prix quatre fois supérieur à son estimation. Bizarrement, durant la même vente, un manuscrit plus exceptionnel, au moins d'un point de vue littéraire (18 pages de manuscrit dactylographié de la Prisonnière, corrigé par Proust quelques semaines avant sa mort), a été enlevé pour un «maigre» 38 000 euros.
Les professionnels du manuscrit ont préféré arrêter les frais quand les enchères ont dépassé les 70 000 euros : les choses prenaient une tournure peu rationnelle. Que s'est-il joué ensuite ? Une affaire de prestige ou de business bien compris ? Le patron de Gérard Darel a plus de moyens que le giletier Jupien : le magazine Challenges le classe au 334e rang des fortunes professionnelles françaises.
En 1996, le créateur de prêt-à-porter arrachait aux enchères, pour plus de 100 000 dollars, le collier de perles noires que Jackie Kennedy portait en 1961 lors de son voyage à Paris avec son Président de mari. Depui