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Libération
Critique

«Avant / Après», à quoi tient un destin?

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publié le 31 mai 2003 à 23h12

Il y a la femme de 70 ans passés, affolée de s'être aperçue nue dans le miroir de cette chambre d'hôtel, car d'ordinaire elle n'allume jamais la lumière de la salle de bains pour prendre sa douche de crainte d'envisager son corps devenu «une véritable éponge». Il y a l'homme qui, deux secondes plus tard et ailleurs, pénètre dans une pièce vide, et prend peur quand l'ampoule au plafond grille avec un bruit sec à l'instant même où il retire sa main de l'interrupteur.

Apparitions-disparitions. Il y aura bientôt les deux ouvriers en bleu qui viendront avec une échelle réparer le plafonnier, casqués. Il y aura la femme de 30 ans inquiète de s'être déshabillée trop vite pour coucher avec un homme rencontré pour la quatrième fois en quatre ans à l'occasion d'une réunion annuelle, et qui ainsi trompera pour la première fois l'ami avec qui elle vit depuis onze ans. De ce fait, l'ami deviendra ex-ami. Et on le verra et reverra furtivement. Se croiseront ou se succéderont en tout trente-deux personnages dans la pièce de Roland Schimmelpfennig, Avant/Après, au fil d'une cinquantaine de scènes brèves : apparitions-disparitions comme saisies par un Polaroid, rencontres, récurrentes ou non, au lit, ou à la maison, à l'hôtel, dans un café, devant un miroir ou un tableau.

Le dramaturge allemand, né en 1967, déjà joué maintes fois dans son pays, notamment à la Schaubhüne de Berlin, parle d'une composition à plans larges pour ce kaléidoscope, tendant à prouver que les humains n'en savent guère p