Menu
Libération
Critique

Prodigue Lartigue

Article réservé aux abonnés
Beaubourg expose, outre des tirages du photo-graphe, une centaine de ses albums. Inédit.
publié le 5 juin 2003 à 23h16

Longtemps considéré comme un gosse de riche s'amusant à capturer les coquettes du bois de Boulogne, les sauts du chat Zizi et le bobsleigh sur roulettes de son frère aîné, Zissou, Jacques Henri Lartigue (1894-1986) trouve aujourd'hui au Centre Pompidou un espace à la hauteur de son infini talent. Pas un tombeau pour autant, car l'Album d'une vie met joyeusement en scène sur 1 100 m2 la biographie romanesque d'un enfant certes prodige (premières photos à 8 ans) mais surtout avide de ravir la vie. «Je voudrais tout attraper même l'inattrapable», écrit-il dans son journal, où il consigne les petits événements d'un quotidien oisif (pas d'école, que des jeux), y compris le temps qu'il fait. Plus tard, il y notera ses menus plaisirs d'adulte privilégié qui échappera aux deux guerres, et à la grippe espagnole.

«Image idéale». L'écriture, dès 1911, sera avec la peinture une de ses passions, mais c'est avec la photographie qu'il rencontrera la gloire à 69 ans, grâce à John Szarkowski, alors jeune directeur du département photo du Museum of Modern Art (MoMA, à New York), qui s'imagine découvrir «le travail encore inédit du papa de Cartier-Bresson». Cette reconstitution à l'identique de l'exposition organisée par le MoMA en 1963 est le premier atout de l'Album d'une vie, axé sur une pédagogie intelligente. Soit quarante et une images présentées à touche-touche dans des cadres blancs, «des instantanés dynamiques», à l'origine du mythe «de l'enfant génial, photographe né, au regard naïf e