Pour être embrassé d'un coup d'oeil, le décor exige un certain recul. L'un sur l'autre, deux appartements sont installés sur scène, l'ensemble présenté en coupe. Compromis entre les architectures cisaillées de Gordon Matta-Clark et l'univers immobilier de la Vie mode d'em ploi de Georges Perec. De loin, le public peut ainsi suivre les allées-venues des interprètes (4 femmes, 4 hommes), à l'horizontale de pièce en pièce et à la verticale d'un étage à l'autre.
Borborygmes. Ils font à peu près tout ce qu'on peut faire dans des salles vides à usage encore incertain : futurs salon, chambre ou bureau. Logement vide en attente d'occupant sédentaire. Les actions accomplies consistent donc à ouvrir et fermer des portes, enjamber des fenêtres, tomber sur le plancher, passer à travers un trou, se relever, sauter sur place, se croiser, heurter, s'éviter, se battre, s'étrein dre et accessoirement danser. Ces activités sont commentées en français, en anglais, en live, en voix off, en cris, en borborygmes, en paroles, en raclements de gorge. Mais l'important n'est pas là. Il est dans la manière.
Meg Stuart, qui n'en est pas à son coup d'essai (elle se produit au Théâtre de la Ville un an sur deux depuis 1997), invente avec ses danseurs un nou veau corps. Il ne s'agit pas de prouesses acrobatiques, même si le travail physique demande des ressources insoupçonnées pour le commun des mortels. La gestuelle élaborée pour ce spectacle fait appel à un imaginaire jusqu'alors inexploité. Il joue d'abo