Sans tambour ni trompette. La dixième édition de Sonar, qui débute cet après-midi à Barcelone, a choisi de ne pas se vautrer dans la commémoration. Cet anniversaire emblématique est sobrement célébré par une exposition retraçant «L'évolution de la culture électronique à travers l'histoire du festival». On peut voir là une forme d'élégance, autant que le signe d'une certaine assurance. Quel fan, quel professionnel peut se permettre de négliger ce qui est devenu le plus grand rendez-vous des musiques avançades, comme disent les Catalans ? Tout ce qui compte dans le domaine a joué, joue ou jouera dans une manifestation qui tient dorénavant autant d'un Midem électronique ou d'une Biennale de Venise techno que de la plus grande rave d'Europe.
Hurluberlu. Moche et fauché, au point d'en être difficilement déchiffrable, le petit catalogue orangé de la première édition (du 2 au 5 juin 1994) ne présageait en rien un tel succès. De cette première affiche on retiendra moins le plateau (qui comptait déjà Laurent Garnier ou l'hurluberlu Atom Heart, dorénavant plus célèbre sous le pseudonyme de Señor Coconut) que l'ambition : «Un sonar détecte les sons et c'est exactement ce que nous allons faire.» A contre-pied des raves et des différentes parades en vogue (Love ou Techno), les Catalans abordent l'electronica comme un art moderne global, refusant d'en dissocier les aspects les plus épicuriens des plus «intellectuels». Musique, bien sûr, l'épine dorsale de Sonar, mais aussi travaux vidéo, n