Deux portraits d'Ernesto Che Guevara sont devenus des icônes. Le premier a été pris le 5 mars 1960 à La Havane par Alberto Korda, photographe cubain récemment disparu, lors d'un meeting après une explosion criminelle dans le port de La Havane. On y voit le jeune «révolutionnaire» argentin, les cheveux longs sous un béret frappé d'une étoile. Ses yeux sont tristes. Cette image est pratiquement devenue son sigle, le logo d'une certaine révolte, romantique et politiquement correcte. Le second portrait a été pris par un sociétaire de Magnum, le Suisse René Burri, en 1963, pour le magazine américain Look. Le «Che», cigare au coin de la bouche, la tête légèrement renversée en arrière, semble animé d'un certain appétit de vivre. Dans Che Guevara, un livre qu'il a signé (1) il y a six ans avec Burri, François Maspero raconte : «Les photos de René Burri s'inscrivent dans le contexte des six fulgurantes années-lumière de l'existence publique, dense, épanouie, où le Che a été commandant dans ce qui s'appelait l'armée rebelle, directeur de la Banque nationale, représentant itinérant de la révolution cubaine dans les plus grandes instances internationales, coupeur de canne à sucre, ministre de l'Industrie...»
Eternelle jeunesse. L'auteur de cette photo est un homme à la désinvolture élégante. En cette fin de matinée, il est en train de regarder des planches dans les anciens bureaux de Magnum à Belleville pour le livre de Jean Cormier sur le Che qui vient de sortir. «Il y a des images fait