On a tout dit sur Eminem. Tout et n'importe quoi. Qu'il était le nouvel Elvis (blanc, il a assimilé une culture noire et en est devenu son premier représentant). Le plus grand critique de la société américaine et son plus juste reflet. Un rebelle en qui une jeunesse en mal de repères peut s'identifier... Le comique noir américain Chris Rock a tranché: «Quelque chose a dû changer en Amérique. Notre meilleur golfeur est noir (Tiger Woods) et notre meilleur rappeur est blanc.»Nous avons demandé leur avis à quelques personnalités locales et anglo-saxonnes.
Olivier Besancenot, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire à l'élection présidentielle de 2002.
Je ne crois pas qu'un golfeur noir et un rappeur blanc suffisent à changer l'Amérique. Il y a toujours autant d'inégalités sociales et raciales, de jeunes Noirs et Latinos dans les prisons. Ce qui était intéressant avec Eminem, à ses débuts, c'est qu'il présentait une autre idée du rap. Mais je ne crois pas qu'il échappe à la problématique du genre, américain comme français : A partir de quel moment la révolte sociale est-elle récupérée pour en faire un business, de la rébellion gratuite et créer des faux tueurs de flics ?
Comme tous les autres rappeurs, Eminem cultive l'irrespect des femmes. Mais comme il est accepté par le show-biz, on lui pardonne plus de choses. On attend pourtant du rap qu'il apporte un discours autre que la réussite individuelle. Eminem incarne assez cette tendance à se vouloir plus royaliste que le roi,