Mi-avril à Paris, concert privé à la Scène pour une compilation de rap hardcore «Fat Taf». Devant un parterre de garçons, Mélanie, alias Diam’s, coupe garçonne mais boucles d’oreilles, crache les rimes de son rap, Cruelle à vie : «Donc toi tu ken (verlan de niquer, ndr), hein. T’es un vrai, hein ? Mais quand tu peines à la faire v’nir, t’es navré hein !»
Très perso. Oups, Diams touche là où ça fait mal : la virilité. Les mâles hurlent pourtant de rire et applaudissent à grand renfort d'exclamations. Grande gueule et bonne rappeuse, Diam's est adoptée, tout «écrue» et féminine qu'elle est, même avec ses textes antimachos, antiracistes, presque progaulois (le qualificatif donné aux «Français de souche»).
Gauloise, Mélanie, 22 ans, l'est par sa mère. Son père est chypriote, mais il l'a à peine connue, comme elle le raconte en détail dans son premier album, Brut de femme. Dès les premières minutes du CD, Diam's, la voix grave et assurée, prévient : elle va être perso, très perso. Elle écrit une lettre à son «daddy» parti alors qu'elle a 4 ans, et qui ne donne plus de nouvelles depuis ses 15 ans. Puis elle s'autoanalyse («J'ai manqué de ton amour/Ça m'a valu de me tromper ailleurs/Je pensais trouver en l'homme/Ce que je n'avais pas de mon géniteur»). Sa principale erreur : ce type qu'elle aimait et qui la frappe à 17 ans, parce qu'il détestait ses «copains du rap». Dans Ma souffrance, elle explique, pleurant puis hurlant, ces six mois où «elle a enduré les coups». Puis l'aveu, les