«Iakos! Iakos! Iakos!», s'exclament en choeur trois jeunes filles au milieu d'un pré. Ou bien: «Adieu l'ami/ Que ton âme soit louée/ D'où te viennent ces mots affreux?/ Quelles horreurs te saignent tant?» Vêtues d'une toge blanche, ces pom-pom girls antiques dénommées Satyrettes notent les performances des paysans, ouvriers et autres poètes du dimanche venus déclamer des vers sur la scène installée non loin de la maison de Dick Annegarn.
Présentchatcheur. Près d'une chaise et d'un bureau d'écolier hauts de trois mètres, un «présentchatcheur» joue les monsieur Loyal. Des bottes de paille font office de sièges pour le public qui se promène entre étals de bouquinistes, camelots et autres prétextes à déambulation. A côté des graveurs de pierre, il ne manque que les acrobates. Huit communes fêtent ici le premier Festival du verbe organisé par Dick Annegarn dans la région de Saint-Gaudens. «Je ne m'autosuffis pas avec mes chansons, déclare le chanteur néerlandais. J'ai besoin de dialogues, d'échanges. Les paysans du coin m'apprennent un vocabulaire qui se prête aux néologismes. "Girobroyer", tu connaissais ce mot?»
Domicilié depuis trois ans dans la région toulousaine, l'artiste avoue avoir trouvé ici ce qui lui manquait à Lille et dans sa péniche sur la Marne. En bas des petites Pyrénées, un Himalaya d'enfant dit le chanteur, patois et dialectes se répandent encore sur les marchés gascons. Longtemps d'ailleurs, seule la voie orale codifiait le droit coutumier. Il y a une dizaine d'