Amiens envoyé spécial
Ce fut une expérience singulière qui déboucha sur un résultat singulier. Elle consista à réunir, les 13 et 14 juin à Amiens, quatre experts de l'oeuvre de Jules Verne et quatre scientifiques de gros calibre, afin de les faire discuter de littérature et d'espace. En frottant ces imaginaires, peut-être obtiendrait-on une étincelle. La conjonction astrale était bonne. D'une part, Mars sera cet été à 55 millions de kilomètres de la Terre, soit à deux pas sur l'échelle astronomique. D'où envoi massif de sondes vers la planète rouge et retour du rêve d'une expédition martienne. D'autre part, le monde vernien est en effervescence : en 2005 sera fêté le centenaire de la mort de Jules, avec moult festivités et sans doute une réévaluation à la hausse de l'oeuvre. Va-t-on panthéoniser aussi celui-là ?
«Balise». On installa les experts sur la scène d'un théâtre (celle, intime, de la Comédie de Picardie). On leur livra quatre mots : «climat», «balise», «patrimoine», «représentation». Et la confrontation commença devant un fort maigre public. La chose avait pour titre les Territoires de l'espace, le théâtre des mots. Metteurs en scène : le Centre international Jules-Verne, gardien de la flamme, et l'Observatoire de l'espace, structure du Cnes (agence spatiale française) tournée vers les musées et les médiateurs culturels.
Il fut vite évident que, si les mots avaient un sens, il n'était pas le même selon que l'on était littéraire ou scientifique. Ces deux mondes-là ont d