La voix a des ressources implorantes, dans la lignée des timbres étranglés à la Miracle Legion qui émut nos années 90. Avec plus de virilité dans le fêlé «héroïque» que le collègue Bonnie Prince Billy, branlotteur de Palace.
N'empêche la vitalité country blues (Humard, Vena Cava), rageuse à l'occasion, de Royal Way en Holy Arms. C'est qu'il n'y a pas que le filet de voix, ou le grelot de clavier de Shadow. Il y a les guitares rock aussi, pugnaces, très rythmiques, en batterie presque criarde. Il y a le texte étrange : «Ne connais-tu pas l'envers de tes mains/N'as-tu pas vu que toutes les veines sont sans issue ?» Il y a la pochette, impersonnelle, sous collage graphique arboré de «Lisa McEwan» ; avec petite vignette pour chaque chanson : un autel brûlé, un pneu dont on fait les lynchages, un «holy arms» tatoué sur un avant-bras cadavéreux. Il y a la voix, enfin et surtout, s'égosillant en mesure sur les champs de bataille de 21 ou Looking For Roses.
Le triptyque final du trio affiché fait arc de voûte à la construction flageolante du manifeste-mausolée «Ombres d'obscurité». Shadow est un sanglot dans le tunnel («nous savons tous que nous sommes perdus»). No Salvation insiste, hante, nursery-gospel lancinant. Et Hear The Dark cloue gentiment le cercueil, en écho doloriste au quasi-classique And I Can See A Darkness de Will Oldham, «popularisé» par Johnny Cash agonisant.
Détaillons la chose terminale : concocté, comme tout l'appareil, à Akeld Station, autant dire nulle part, un p