Pékin correspondance
Il fallait une certaine audace intellectuelle pour imaginer qu'un complexe militaro-industriel de composants électroniques proche de l'aéroport pût devenir un jour le centre nerveux de l'avant-garde pékinoise. Il n'a pourtant pas fallu six mois pour que le «District artistique de Dashanzi» et sa succession de galeries, ateliers d'artistes, espaces multimédias, studios de graphisme et autres café-bars éparpillés entre les bâtiments de brique, devienne le point de ralliement des branchés de la capitale chinoise.
Maturité. Pour le photographe Xu Yong, il s'agit tout simplement d'une synergie réussie entre un lieu (une usine d'Etat en perte de vitesse cherchant à louer une partie de ses ateliers) et une époque (celle où création artistique et considérations marketing ont commencé à s'épauler au lieu de s'ignorer). «C'est bien un signe que l'art contemporain chinois a atteint un certain degré de maturité», expose l'artiste-homme d'affaires, considéré comme l'une des principales forces motrices de Dashanzi. Le coup de foudre fut évident l'été dernier lorsque Xu Yong visita pour la première fois cet ensemble de fabriques bâties dans les années 50 par des architectes est-allemands, au temps de la grande amitié communiste. Imprégnés de l'esprit Bauhaus, ces derniers ont légué à leurs camarades chinois du début du XXIe siècle des bâtiments solides, fonctionnels et truffés de lumineuses verrières. Un vrai rêve d'artiste, accessible pour des loyers modestes dans un qu