Le Caire
de notre correspondante
«Nous ne vendons que des imitations.» La pancarte qui pend dans un coin de l'échoppe du souk du Khan el-Khalili, au Caire, annonce la couleur. «Certains touristes s'imaginent trouver de vrais trésors sur nos étagères», rit le commerçant. Il y a vingt ans, la chose était encore possible : l'Egypte ne s'est dotée qu'en 1983 d'une loi donnant propriété à l'Etat sur toutes les antiquités trouvées dans le pays. Celles vendues avant cette date échappent à la loi. «Dans les années 1980, les vendeurs d'antiquités se retrouvaient dans un grand café au centre-ville. J'y ai acheté quelques tissus de l'époque copte, se souvient, nostalgique, un vieux Cairote. Tout le monde faisait aussi monter en bijoux des amulettes pharaoniques ou des pièces de monnaie anciennes que les paysans trouvaient dans les champs.»
Pot-de-vin. Tout cela est aujourd'hui strictement interdit. Mais pas un mois ne passe sans que la presse égyptienne ne se fasse l'écho de vols et de scandales. En février, un haut responsable du service des antiquités était arrêté pour avoir perçu un pot-de-vin de 3 800 euros en échange de faux certificats permettant la sortie de plus de 360 antiquités. Peu auparavant, c'est une stèle volée dans un temple du delta du Nil dont la vente a été stoppée in extremis, alors qu'elle était mise aux enchères chez Christie's à Londres. Les autorités égyptiennes se sont aussi lancées dans une vaste campagne à l'étranger pour récupérer les antiquités volées.
En mai,