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Libération

La fille qui portait des pantalons

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Sa silhouette androgyne lui permettait de jouer de la confusion des genres.
publié le 1er juillet 2003 à 23h37

En 1935, dans Sylvia Scarlett, surgit un jeune homme époustouflant, en costume-pantalon et casquette de poulbot. C'est Katharine Hepburn et on ne s'en est jamais remis. Cary Grant non plus, son partenaire dans le film, qui se demande, sans doute du fond de sa propre bisexualité cachée : «Victor ou Victoria ?». Finalement ce sera Victoria, pour le plus grand plaisir de certaines et pour le trouble de tout le monde. Quelle classe ! A la même époque, exception faite pour Marlène Dietrich, personne n'arrive à la cheville de cette élégance masculine féminine. Avec ses taches de rousseur et son absence quasi totale de seins, sa taille élancée, sa dégaine voyou et ses cheveux très courts, Katharine Hepburn apparaît tout armée comme l'héritière de Shakespeare où, est-il besoin de le rappeler, Juliette était plutôt interprétée par quelque Julien. S'ensuivit un courant transgénérationel de la confusion des genres, en passant par Mademoiselle de Maupin et autres chevaliers qui étaient des chevalières : celui-ci aboutit en Katharine Hepburn. Audace absolue dans ces années 30, où le code Haynes ne badinait pas avec l'hétérodoxie.

Le comble avait déjà été atteint auparavant lorsqu'en 1933, elle enfilait la combinaison tout cuir d'aviatrice pour Christopher (sic) Strong (re-sic), le film de la lesbienne notoire d'Hollywood Dorothy Arzner. On la trouve alors, au bas mot, androgyne. Mais, aujourd'hui, Katharine Hepburn, avec son air déjanté, plus excentrique anglais qu'américain, ne ressort p