envoyé spécial à Angers
Depuis le 2 juin et jusqu'au 23 juillet, une petite troupe de théâtre palestinienne tourne dans toute la France. Al-Rowwad («les pionniers», en arabe) compte seize enfants, neuf garçons et sept filles, âgés de 10 à 15 ans. Ils viennent tous du camp de réfugiés d'Aïda, près de Bethléem. Au-delà du spectacle, le travail effectué par ces enfants tient autant de la thérapie posttraumatique que du théâtre. Libération les a suivis pendant deux jours, lors d'un séjour à Angers, les 18 et 19 juin.
Des familles meurtries
Elle ressemble à un écureuil, mais tout le monde l'appelle «la puce». Wou'oud, son prénom, signifie «promesses» en arabe, mais pour l'instant, elle n'en a guère vu la couleur. A 11 ans, la vie lui a beaucoup pris, beaucoup appris. En mars 2002, l'armée israélienne mène une énième incursion dans le camp de réfugiés d'Aïda. En pleine nuit, un détachement de soldats ordonne au père de Wou'oud d'ouvrir la porte, qui n'est pas verrouillée. La famille, tapie dans l'obscurité, ne bouge pas. Les militaires placent une charge. L'explosion blesse la mère. Pour des «raisons de sécurité», la famille n'a pas le droit d'appeler des secours. Pendant deux heures, Wou'oud voit sa mère agoniser, tandis que les soldats attaquent une cloison à la masse afin de passer chez les voisins. Depuis la mort de sa mère, elle a peur de dormir seule. Wou'oud paraît si légère qu'un souffle l'emporterait. Mais jamais elle ne se plaint. Wou'oud parle rarement de ce qui lui est ar