Ancien administrateur de la Comédie-Française et du théâtre de Nanterre-Amandiers, Jean-Pierre Vincent est redevenu metteur en scène indépendant. Il a, pendant longtemps, été une des têtes du Syndéac, le syndicat qui regroupe les patrons des théâtres publics. En 1992, lors d'un précédent conflit des intermittents du spectacle, il avait été chargé par Jack Lang d'une mission de médiation.
Quel était le motif de la colère des intermittents en 1992? Qu'est-ce qui a changé depuis ?
1992 est le premier chaînon d'un processus qui mène jusqu'au mouvement d'aujourd'hui. Déjà, se posait le problème de l'accroissement du déficit du régime d'assurance chômage des intermittents du spectacle et déjà, à l'époque, cela faisait frissonner le CNPF. Il y avait eu une série d'actions spectaculaires : occupation de l'Odéon, blocage partiel du Festival d'Avignon. A l'époque, j'avais appelé le cabinet de Jack Lang pour dire qu'il me semblait qu'il y avait un déficit de réflexion sur la question. On m'a demandé de faire des propositions.
Et cela avait contribué à calmer les choses ?
Oui, mais rien n'avait été réglé sur le fond. Tout affleurait déjà : tendance à abuser du système et accroissement exponentiel de ses bénéficiaires. En 1992, c'était dû à l'ouverture des grands parcs d'attractions, mais aussi déjà aux sociétés audiovisuelles. En fait, depuis, absolument tout le monde a fait l'autruche. Alors qu'il aurait été essentiel de réfléchir, surtout dans le contexte de la décentralisation du ministère de la Culture qui se préparait. Le problème, c'est qu'il existe dans la plupart des milieux de l'art et de la culture une «complicité