Le pendule de la couture oscille entre exubérance et rigueur, sensualité et correction. Bonne nouvelle, John Galliano en a fini avec ses carambolages ethniques, il propose une collection Dior placée sous le signe des espagnolades. La peau huilée, le corps barbouillé de cambouis, des Andalouses en jupes volantées virent aux Gitanes. Lestes, elles arborent un soutien-gorge sur leur tee-shirt, un veston d'homme vrillé en bustier, un haut de jogging en guise de boléro.
Des décalages qui donnent toute sa contemporanéité au propos de Galliano. Quand le claquement des talons fait place au bandonéon, les robes perlées années 30 viennent se mêler aux jupons froufroutants. Aux rythmes du french cancan, les tutus entrent dans la danse. Devant tant de magnificence, de punch et d'exubérance, les clientes couture, des femmes mûres déguisées en Britney Spears, font résonner la caillasse dans un déchaînement d'applaudissements.
Quand chez Dior la modernité passe par le zapping, Karl Lagerfeld opte chez Chanel pour une démarche graphique. Soulignant sa volonté d'austérité, il choisit le cloître de l'abbaye de Port-Royal pour cadre à un défilé noir et blanc. Col Danton et poignet médiéval étirent la silhouette au maximum. Une silhouette pourtant empreinte de lourdeurs. Les drapés sur le bas des jupes en tweed font des paquets, une multitude de broderies alourdit le lainage. Karl Lagerfeld vient saluer en faux col et poignets amidonnés, une tenue en écho à sa collection, tout comme John Galliano