L'Américaine Tina Barney, 58 ans, expose sa nouvelle série, les Européens, poursuivant un travail lancé il y a vingt ans dans son propre pays : immortaliser la vie de la grande bourgeoisie, notamment celle de sa famille et de ses amis. Pourquoi un nouveau continent ? «Parce qu'à force de photographier en Amérique, c'était comme si j'étais devenue aveugle, répond simplement la photographe. Une amie m'a suggéré l'Italie, ça a bien marché, et j'ai continué en France, en Autriche, en Angleterre.»
Souci du détail. A Arles, à l'espace Van-Gogh, elle présente des portraits en couleurs pris à la chambre, tous éclairés de spots lumineux et exprimant un souci si minutieux du détail qu'on se demande s'il s'agit d'une situation improvisée? Même si elle dirige souvent ses modèles, elle dit ne pas se considèrer comme une metteuse en scène. En fait, elle choisit l'endroit et le cadrage, et admet volontiers qu'elle demande aux gens de se changer pour que leurs vêtements coïncident avec les couleurs des murs, des tableaux, des rideaux... «Ce qui est le plus amusant, souligne Tina Barney, c'est qu'ils ont toujours des vêtements en accord avec les motifs qu'ils ont choisis pour décorer la maison.» En quelques secondes, elle voit tout, comment un mouvement, un geste, un regard, une attitude peuvent s'accorder avec le décor, et à quel moment elle doit faire la photographie.
Tina Barney estime que ses travaux sont réalistes. Elle pourrait être définie comme une chroniqueuse, une anthropologue visue