Menu
Libération
Interview

«Le film idéal dont rêve toute comédienne»

Article réservé aux abonnés
publié le 16 juillet 2003 à 23h57

A propos de Wanda, Marguerite Duras disait qu'elle ferait tout pour faire partager son enthousiasme, y compris être distributrice du film. Une vingtaine d'années plus tard, c'est Isabelle Huppert qui réalise ce rêve en permettant sa ressortie en salle, en copie neuve.

Comment avez-vous eu l'idée de racheter les droits de «Wanda» pour la France?

J'ai découvert le film en novembre dernier, il était quasiment invisible depuis sa sortie en 1970. Je l'ai adoré et j'ai eu envie qu'il puisse être vu à nouveau, dans de bonnes conditions. Wanda est un personnage aussi emblématique que Giulietta Masina dans la Strada. Elle a ce côté clown errant, à la fois opaque et lumineux, à la limite du burlesque. Wanda est en rupture, elle flotte. Elle est doublement indigne: au vu des critères officiels, puisqu'elle abandonne enfants, maison, mari. Mais aussi parce qu'elle quitte la dépendance d'un homme pour se remettre immédiatement sous la dépendance d'un autre. Si bien que les mouvements féministes américains ont rejeté le film à sa sortie. Pourtant, lorsque Wanda devient indispensable à cet homme, on voit bien la part de pouvoir et d'autonomie qu'elle obtient dans cette relation.

De «la Dentellière» à «la Vie promise», vous avez joué de nombreux rôles qui appartiennent à la famille de Wanda...

Barbara Loden creuse un sillon qui sera repris plus tard. Des héroïnes féminines qui ne sont ni triomphantes, ni conquérantes, qui ne correspondent pas au cliché de la rébellion féminine. Si Wanda devient