L'écrivain chilien Roberto Bolaño est mort le 14 juillet, à 50 ans, d'une maladie hépatique dans un hôpital de Barcelone. Ce grand auteur mélancolique et mortellement drôle attendait un foie qui n'est jamais venu. Quelques jours avant sa mort, il explique à un journal chilien, avec ce ton de prince sans rire désespéréÊqui le caractérise: «Le docteur dit qu'il m'avisera cinq heures avant la transplantation. Dans ce laps de temps, je devrai demander pardon, faire mon testament et mettre mon âme en marche.» C'est peu, mais Bolaño avait commencé le travail, livre à livre, depuis une vingtaine d'années ce qui avait fait de lui l'un des plus saisissants romanciers de ces dernières années (lire Libération du 26 juin, pages Livres).
«Picaresque». Né à Santiago du Chili, il suit ses parents au Mexique à 15 ans puis revient dans son pays natal en 1973, quelques mois avant le coup d'Etat de Pinochet. Arrêté par des militaires sur une route du Sud, il doit son salut à la rencontre inopinée, en prison, d'anciens camarades de collège devenus policiers. Il quitte rapidement le pays et, pendant vingt ans, ne cesse de voyager au Salvador, aux Etats-Unis, en Belgique, en France, au Maghreb, effectuant tous les petits boulots possibles, avant de s'installer en Catalogne. Cet itinéraire nourrit ses livres, mais aussi sa réputation de beatnik, qui l'agace ou le fait rire, aimablement. Il est d'extrême gauche dans sa jeunesse, mais, nous confiait-il le mois dernier, dès cette époque il lui sembl