Les films du réalisateur français Pierre Coulibeuf correspondent à une exploration de l'univers d'un artiste contemporain. Après Pierre Klossowski ou Michel Butor, le cinéaste a choisi d'adapter l'imaginaire du chorégraphe flamand Jan Fabre, notamment connu pour son spectacle controversé Je suis sang, présenté à Avignon en 2001. Les Guerriers de la beauté, nom donné aux danseurs et acteurs, «voyants difformes et désespérés qui errent à la recherche d'une impossible beauté réunissant l'art et la nature», exploite l'univers fantasmagorique de Fabre.
Egérie. Jan Fabre est au service de la beauté, pourvu qu'elle soit brute et impitoyable. Les nombreuses salles et couloirs du fort de Hoboken, dans la banlieue d'Anvers, où le film a été tourné, permettent de retranscrire l'univers labyrinthique de la fiction expérimentale. Mais il faut connaître la mythologie pour saisir le jeu des acteurs. Jamais la caméra ne bouge : elle ne suit pas les corps, jouant avec le champ et le hors champ. Ce, à l'exception d'un personnage interprété par Els Deceukelier, égérie de Fabre, sorte d'Ariane hallucinée : comme le mythe, elle serait la seule à pouvoir guider les autres vers la sortie, attendant que quelqu'un puisse la sortir aussi de cet univers répétitif.
Car Fabre met en scène un microcosme marqué par le mimétisme, jusqu'à ce que le corps, nu, en souffre et devienne peu à peu entraîné dans une danse convulsive proche de la crise d'épilepsie.
Illuminés. Animé de la même passion que son arrière-g