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Critique

Les sources caucasiennes de Sarian et Sarkis.

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publié le 17 juillet 2003 à 0h01

envoyé spécial à Antibes

La vie est-elle un conte de fées ? La question peut paraître saugrenue, surtout posée par Sarian et Sarkis, deux artistes dont les créations puisent, explicitement pour le premier, plus indirectement pour le second, à la source des cultures du Caucase, de l'Arménie en particulier, dont ils partagent l'ascendance. Ils ont a priori peu de choses en commun, en dehors de cette arménité, sinon d'être exposés ensemble cet été au musée Picasso d'Antibes. Tandis qu'à Vallauris, Sarkis installe dans l'abside de la chapelle Picasso douze Kriegsschatz («butins de guerre»).

Coloriste. Hormis chez lui, Sarian est un illustre inconnu. Rares sont ceux qui ont vu une toile de ce peintre auquel Pontus Hulten (organisateur en 1980 de sa seule exposition personnelle en France) décerna le titre de «plus grand artiste arménien du XXe siècle». Aragon n'hésitait pas à le placer en son musée personnel sur le même plan que Cézanne et Matisse... On peut discuter ces jugements. Mais ceux qui iront le découvrir à Antibes conviendront, avec le commissaire de l'exposition Jean-Louis Andral, que Sarian a été «l'un des plus grands coloristes que le XXe siècle ait donné à la peinture» (1).

L'exposition s'intéresse à la période (1902-1917), où Sarian fut membre de l'avant-garde russe, un «fauve primitiviste», selon la formule de l'historien d'art Jean-Claude Marcadé. Sarian plongeait ses racines dans les couleurs et compositions de l'enluminure arménienne et de la miniature persane, com