Le nom de l'endroit a des relents peu sympathiques : lager, en allemand, signifie camp, dépôt. Le lieu où il se trouve, au bord d'une départementale industrieuse, n'est pas plus suave. Et l'image graphique est austère, le site Internet, avare. Pourtant, ce Schaulager est une expérience radicale en matière d'art contemporain en général, de conservation, en particulier ; une expérience qui rompt avec tous les modèles avérés et ronronnants de musées, fussent-ils «décentralisés» comme le veut la tendance la plus récente.
Façon Mont-Blanc. L'architecture de l'entrée, déjà, est provocante. Un énorme mur blanc vous saute à la figure. Cet écran concave recevant de vastes projections de diapos, paraît d'autant plus immense qu'un peu avant lui, se dresse une toute petite maison marron, à la forme ludique de cabane de Monopoly ou de Lego. De taille humaine, il est nécessaire de la traverser, puisque c'est elle, en fait, qui marque l'entrée dans le site, derrière le mur blanc. Là, d'autres sensations architecturales attendent le visiteur.
On pourrait parler montagnes, tant la fosse brune qui s'offre au regard et l'immense pan blanc qui remonte jusqu'aux cieux (représentés par de simples traits de néons) transposent la problématique de la verticale et de l'horizontale au niveau des effets sublimes que les hauteurs provoquent au Mont-Blanc : jeux de failles et de trompe-l'oeil, de faux plats et de reliefs, ici dépouillés de toute proposition narrative, symbolique ou illustrative. Tout est m