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Libération
Critique

Les mille et un sons de Totonho.

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publié le 22 juillet 2003 à 0h12

Il flotte sur le Brésil un parfum d'insolence créative et d'audace identitaire qui n'est pas sans rappeler la fastueuse époque des années 50. Quand le Président, élu démocratiquement, s'appelait Juscelino Kubitschek, qu'il était populaire et que la bossa-nova évoquait, dans son optimisme, l'idée que cet immense Etat allait devenir le pays du futur. A plein régime ces dernières années, l'effervescence culturelle de la nation n'a pourtant pas attendu l'espoir incarné par la nouvelle ère Lula pour exploser. Ainsi de la mode et des stylistes, du renouveau du cinéma indépendant (le succès international de la Cité de Dieu), du boom de l'industrie digitale... et des nouvelles scènes musicales.

C'est du côté de São Paulo, hyperactive cité du sud, que l'esprit pionnier frappe le plus fort. Là, siège Trama, label que l'on dit branché et qui, surtout, n'a pas froid aux oreilles (lire encadré). La preuve : bien qu'apparaissant en vingtième position sur sa liste de contacts, c'est par Trama qu'arrivera le déclic pour Totonho et sa bande au nom étrange, Os Cabra.

«Repentistas». Cabra, qui veut dire chèvre, est pour ce Nordestin de souche une évocation de son enfance et le signe d'un profond enracinement. Né António Carlos Bezerra da Silva en 1964, fils d'un éleveur de chèvres et d'une cuisinière de la petite ville de Monteiro dans l'Etat de Paraiba, Totonho s'initie dès le plus jeune âge à la literatura do Cordel, ces fascicules artisanaux où se côtoient histoires du folklore et contes en v