L'exposition ne comprend pas moins de 500 oeuvres, profusion organisée chronologiquement, qui permet de considérer à bonne échelle les élucubrations de Dieter Roth, le plus rabelaisien des artistes bâlois (1930-1998). Comme beaucoup d'artistes suisses d'adoption (né à Hanovre, il s'exila avec sa famille en 1943), Roth fut d'abord un virtuose de l'art géométrique et des illusions d'optique, mises en mouvement (1961) grâce à la participation du spectateur ou dans des films. Le bordel naquit aux alentours de 1968, avec l'introduction dans ses travaux de matières nettement moins froides, comme le chocolat, le sucre, parfois le saucisson, parfois le fromage, et l'extension des activités «rothiennes» à tous les médiums, de l'objet à la photo, du journal à la carte postale, du dessin au design, de l'installation (cuisinière à gaz + chocolat fondu) à l'alcoolisme comme forme d'exposition (on boit, puis on montre les bouteilles vides).
Chocolat... L'idée générale est que tout peut servir à l'art, à une condition essentielle : offrir au spectateur le bouillonnement de la pensée qui a permis d'opérer cette reconversion. Ainsi un tableau est fait de peinture, mais aussi des pots, des pinceaux, des interruptions téléphoniques et griffonnages du moment, du vêtement qu'on portait, du poste de radio qui traîne dans l'atelier (ouvert), de l'aspirateur qu'on a dû passer, voire même du sol de l'atelier, qui vient avec l'ensemble et ses déchets. Le fil rouge (rot = rouge en allemand) qui travers