La mort de Bruce Lee, en 1973, laisse ses producteurs inconsolables, mais pas longtemps. Raymond Chow, le patron de la Golden Harvest, récupère des rushes du Jeu de la mort, film en chantier (conçu et chorégraphié par l'acteur) qui devait raconter le voyage initiatique d'un jeune guerrier chargé de combattre, dans une pagode hautement allégorique, le grand maître d'un art martial à chaque étage. Bruce Lee tourne d'abord avec Dan Inosanto, maître de l'eskrima philippine, et avec le spectaculaire Kareem Abdul Jabar, star du basket américain (2,20 m) et adepte du kune jeet do, discipline créée par Bruce Lee. Incapable, évidemment, de boucler le projet, Chow aidé du tâcheron américain Robert Clouse imagine un abracadabrant scénario pour accommoder les fameux rushes. Au mieux, cela donnera deux scènes de combat exceptionnelles. Au pire (en sus des vagues sosies ou doublures réquisitionnés), des combats dans une quasi obscurité et des rebondissements grotesques où le supposé Bruce Lee est affublé d'une barbe épaisse, de lunettes noires, de bandages façon homme invisible ou, dans une absurde baston à moto, d'un casque intégral...
Au cours des quatre ou cinq ans qui suivirent la mort de Bruce Lee, quelque 120 films tournés aux Philippines, en Indonésie ou à Hongkong, exploitèrent le mythe dans des pochades fauchées à hurler de rire ou de désespoir. Selon les très compétents membres du distributeur HK, le sommet fut atteint par la Résurrection du dragon de Godfrey Ho, où un Bruce