C'est à l'excellence des empêcheurs de distribuer en rond de Shellac que l'on devra un des saluts de cet été cinéphile. La jeune maison de distribution a sauté sur le désert actuel pour distiller en salle des moyens-métrages inédits de cinéastes de maintenant et de demain (Serge Bozon, Sarah Petit), quand ce ne sont pas des incunables de réalisateurs confirmés (Alain Raoust, Claire Denis...).
Dans le premier cas, Sarah Petit. Prix Jean-Vigo 2002, repérés dans les meilleurs festivals de jeune cinéma (à commencer par celui de Belfort), les deux moyens-métrages de cette ex-critique de feue la confidentielle revue Limelight sont des bourgeons pleins d'espoirs art et essai. En deux récits étrangement voisins, plus regardés qu'incarnés, elle réussit à s'inventer une place de cinéma où des récits fantastiques, des contes borgesiens, poussent à l'ombre du plus grand naturalisme. Qu'elle filme la campagne française (le Lac et la rivière) ou l'Arménie (l'Arpenteur), le sens du cadre de Sarah Petit n'est jamais celui de la belle image. L'inquiétude et l'espoir qui tiennent tout entiers dans ses plans résonnent avec les récits d'exils qu'elle met, fatalement, en scène. C'est sa fascination romantique pour les «loners», un idéal de personnage qui n'est pas une fille (c'est rare, chez une jeune réalisatrice), mais un type de garçon ténébreux, solitaire et de passage qu'elle transforme en héros.
De plus, quand toute une génération de cinéastes se pique de filmer les visages, Sarah Petit préf