Boechout (Belgique)
envoyé spécial
Les gestes des danseuses sont majestueux, à peine plus lents que ceux des musiciens, quasi immobiles, drapés dans leurs boubous sombres, le regard magnétique émergeant du voile qui leur couvre la tête. Le groupe Takamba Super 11 vient de Gao, dans le nord du Mali, mais ce sont d'étranges images qui nous arrivent par flashes : New York ? Sonic Youth ? C'est une pastille qui fait cet effet : celle qui, collée à la caisse du n'goni (guitare à trois cordes), amplifie le son en créant une distorsion étouffée. Samedi midi à Boechout, près d'Anvers, le festival commence tout juste, et c'est déjà le premier choc. Cette année encore, la vingt-huitième, le Sfinks sera à la hauteur de sa réputation de manifestation européenne la plus curieuse, la plus dénicheuse d'inédit dans le domaine des musiques du monde.
Avec environ 20 000 spectateurs à l'issue du week-end, le festival est resté un peu en deçà des attentes. Mais le chiffre laisse rêveur pour une programmation sans locomotive. On vient ici, souvent en famille, pour tout écouter, rarement pour un seul grand nom.
Chacun son rythme. Curieusement, les artistes les plus vendeurs de l'édition 2003 sont Harem, un groupe turc (100 % masculin) qui, si l'on en croit la documentation du festival, a écoulé dans son pays 1 million de CD. Quatre percussionnistes sur l'avant-scène et, surélevé, un DJ qui balance scratches et boucles. La virtuosité des frappeurs est patente, mais la formule lasse vite. Dans le genre