C'est un petit polar bien glauque dont la noirceur et les héros moustachus rappellent la veine réaliste des Serpico et autre French Connection des années 70. A Detroit, un ex-sous-marin des stups (Jason Patric), hanté par le souvenir d'une bavure qui coûta la vie à un bébé, reprend du service au côté d'un vieux flic morose (Ray Liotta) enquêtant sur le meurtre de son ancien partenaire. Comme à l'époque où William Friedkin tournait Cruising, la frontière qui sépare le bien du mal, les bons des méchants, est aussi fine qu'une ligne d'héroïne. Nulle rédemption en vue. Les rues sont sales, les enfants pleurent et les représentants de la loi ne sont que des zombies, camés aux enquêtes les plus sordides, descentes ultraviolentes et interminables filatures nocturnes dont le seul mérite est de les tenir à l'écart d'un appartement où personne ne les attend plus depuis longtemps.
Première production de Tiara Blu Films, société montée par Ray Liotta, Narc se distingue par son scénario à la James Ellroy implacablement désespéré mais souf fre d'une mise en scène en toc dont les tics plombent ce qui aurait pu être l'une des bonnes surprises de l'été. Passant de l'hystérie clippée à la stupeur existentielle, multipliant les plans bleutés sur des héros hagards à deux doigts du suicide, Joe Carnahan se révèle meilleur auteur que réalisateur. Embauché depuis par Tom Cruise pour mettre en boîte Mission Impossible 3, il gâche son scénario en hésitant entre un traitement voyeur, caméra à l'épaule