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Libération
Interview

«On est dans un corps à corps ou happé dans l'espace»

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publié le 2 août 2003 à 0h30

Caen envoyé spécial

Conservateur en chef du musée des Beaux-Arts de Caen depuis 1988, Alain Tapié développe à travers des séries d'expositions sur le XVIIe siècle une conception originale de l'histoire de l'art.

Votre démarche est plus thématique qu'historique.

Prolongement de l'exposition sur les «Vanités», qui mettait en oeuvre le dépouillement et le détachement, cette exposition relève de l'emportement et de l'extase. J'ai voulu une autre manière de faire de l'histoire de l'art, laquelle est traditionnellement fondée sur l'attributionnisme, et se concentre sur le travail des ateliers. Si je reconnais les défauts de ma démarche (peu de textes et beaucoup d'interprétation) et l'importance de l'approche scientifique, l'histoire de l'art attributionniste réduit souvent l'épaisseur de l'oeuvre. Elle méconnaît les dynamiques fondamentales de la pose et du flux. N'étant ni un «philologiste» ni un attributionniste, j'essaie de dégager la fonction du tableau: fonction symbolique, fonction rhétorique, c'est-à-dire l'écriture même de l'image, sa composition, sa couleur, etc., et la fonction décorative. C'est le jeu de ces fonctions qui m'intéresse: comment l'une va prendre le dessus sur l'autre. Au XVIIIe siècle, la fonction symbolique va disparaître au profit d'une fonction décorative. Au XIXe, on voit comment les fonctions rhétoriques liées au style et à l'écriture vont totalement dominer.

Ce qui frappe, c'est l'absence de différenciation entre fond et forme.

Ici, pas de dichotomie ent