Quand Ignace de Loyola, l'aristocrate guerrier, se convertit et fonde la Compagnie de Jésus en 1540, bien plus qu'un nouvel ordre qui se crée, c'est toute une vision qui se déploie. La Contre-Réforme bat son plein : le Concile de Trente (1545-1563) rappelle haut et fort les dogmes de l'...glise catholique romaine et adopte une véritable politique de propagande. Face à l'iconoclasme des Protestants, pour qui l'image sainte équivaut à de l'idolâtrie, les Jésuites usent de la représentation comme instrument de dévotion et de conversion.
Rhétorique de l'image. En cet âge baroque, le doute assaille et la distance n'a jamais paru aussi grande entre Dieu et sa créature. Aussi les Jésuites, impliqués dans le monde, vont-ils organiser, en formidables spin doctors de la foi, une rhétorique de l'image pour faire leur moisson d'âmes et toucher le plus grand nombre. L'idée étant de supprimer la distanciation, l'écart entre la foi et sa représentation : à rebours de la froideur conceptuelle de la vision protestante, on se trouve chez les «soldats du Christ» dans une vision incarnée et sensorielle, permettant l'adhésion totale du croyant. L'image jésuite, au-delà de la simple illustration, devient une fenêtre sur l'infini, les sens doivent mener à l'essence. Dans ses Exercices spirituels, Ignace recommande, afin de méditer sur la vie de Jésus, la «composition du lieu» : se remettre dans le contexte de manière complètement subjective, «voir avec les yeux de l'imagination». Place, donc, à l'i