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Libération
Critique

Que Marianne était jolie

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publié le 4 août 2003 à 0h30

C'est la plus jolie fille de France. Depuis deux siècles, elle a l'allure altière et fière des femmes peu commodes, même si elle est parfois peu vêtue. Elle a longtemps penché à gauche, mais ne fait plus de politique. Depuis pas mal de temps, elle vit à la mairie, et rêve désormais aux stars dont elle porte successivement les traits, Brigitte, Mireille, Catherine, Lætitia. En fait, elle s'appelle Marianne, et c'est une des belles choses que la Révolution ait inventée.

Pourtant, Marianne passerait presque inaperçue, tant les filles qu'on croise tous les jours on ne les regarde plus. C'est pourquoi il est bon que le musée de la Révolution française, à Vizille, près de Grenoble, attire enfin l'attention sur elle, présentant ses premières formes comme ses évolutions, même ses dernières modes. La France lui doit bien ça. Car Marianne fut nécessaire : tout Etat, chaque nation, a besoin d'une incarnation, d'un symbole, d'une allégorie, qui représente ses valeurs fondamentales, qui signifie aux yeux du monde son existence. La France eut longtemps ses rois, donc un portrait, figurant sur les pièces, les documents officiels, les images de toute sorte, parfois entouré des symboles de son pouvoir : une tête de Bourbon avec fleurs de lys, que chacun reconnaissait, et qui prenait une valeur suprême. Le corps du roi incarnait la France, son visage figurait son pouvoir et son rayonnement.

Militante. Quand la Révolution met à bas la monarchie, au cours de l'été 1792, deux grands débats iconogr