Ce 26e Jazz in Marciac qui, a priori, ne payait guère de mine, se révèle jour après jour de plus en plus satisfaisant. Comme quoi, il est possible de monter un festival enthousiasmant sans faire appel aux services de SOS Caractériels (cogérants : Ray Charles et Keith Jarrett), ni en s'acharnant à créer l'événement, dont l'illustration demeure cette wild card offerte l'an passé à l'imprévisible Ornette Coleman, le temps, il est vrai, d'un concert exceptionnel. D'où la bienveillance des festivaliers envers un autre altiste, Steve Coleman, dont il se murmure pourtant qu'il possède un son «trop poli pour être Ornette». Même si, eu égard à la chaude actualité, la présence en ce haut lieu d'agitation culturelle du fondateur du collectif radical new-yorkais M-Base ne manque pas de légitimité. On raconte d'ailleurs que son ancienne acolyte, Cassandra Wilson, ex-chanteuse folk revêche, aurait souri à plusieurs reprises, backstage, grisée par les vapeurs de l'élixir local qui tape à 40 degrés.
Puriste. Un qui continue aussi à entretenir ses convictions, c'est Maurice «Mighty Mo» Rodgers, le Heidegger bluesy (il est licencié en philosophie), sideman de Bobby «Blue» Bland, T-Bone Walker et Albert Collins, qui aura attendu l'âge canonique de 55 ans pour enregistrer son premier CD. Depuis, il n'arrête plus. Barbe blanche et lunette noire à la Sonny Rollins, foulard de boucanier gipsy à la Steve Van Zandt, il se pose en puriste, résolu à faire passer son prédécesseur devant le micro, Lucky