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Libération
Critique

«Poilus» avant la puberté

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Une exposition retrace le rôle joué et subi par les enfants en 14-18.
publié le 7 août 2003 à 0h32

C'est une photo de propagande éditée par le ministère de la Guerre en 1917, on y voit un soldat français à moustaches, grand et fort, revenu à l'arrière mais portant casque, vareuse et guêtres. Dans sa main gauche, il tient celle, toute petite, d'un enfant, un garçonnet en tenue d'écolier, qui ferme les yeux et porte sa besace. Un père et son fils ? Un soldat et un orphelin ? Juste une légende : «Petit et grand Poilu». Cette fraternité qui unit, entre 1914 et 1918, les combattants et les enfants est au coeur de l'exposition que propose cet été l'Historial de Péronne, le plus beau des musées d'histoire en France.

Plus loin dans l'exposition, on lira deux autres témoignages enfantins de cette solidarité qui servit alors de ciment à l'idéologie européenne de la guerre totale. Sur un dessin fait par un élève de l'école Sainte-Isaure, à Paris, cette légende adressée à un père au front : «Tu sais, papa, ici c'est comme au front, nous avons du pain rassis...» Et un diptyque dessiné dans la même école, présentant à droite deux poilus s'opposant à la progression d'un «Boche» à la frontière («Halte là ! On ne passe pas !»), tandis que sur la partie gauche une ribambelle d'écoliers en rang par deux, leur cahier sous le bras, suivis de l'instituteur, vont passer gaiement un examen : «Pendant ce temps, les fils vont gagner une victoire sociale, le certificat d'études primaires.»

Propagande. Main dans la main avec tendresse, privés au même moment de bon pain, et victoires parallèles sur la