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Libération
Critique

Quand passe la loco

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par Anne-Laure LEMANCEL
publié le 7 août 2003 à 0h32

Ce film est inspiré d'une histoire vraie. Lors de la première guerre russo-tchétchène, en 1996, la région frontalière d'Ingouchie vit sous la menace d'une invasion armée tchétchène. A proximité se trouve un asile psychiatrique. La vie des occupants s'y déroule sans heurt, indifférente aux événements en train de se produire.

A la tombée du jour, le seul divertissement des aliénés est de regarder le train passer. Un soir, la locomotive manque à l'appel, venant brutalement interrompre le rituel. Le personnel médical quitte le navire, bientôt pris d'assaut par les soldats et les bombardements. Les malades, livrés à eux-mêmes, tentent de s'organiser au milieu du chaos. Sur fond de flammes, Janna cherche refuge dans les bras imaginaires du chanteur canadien Bryan Adams, son «chéri», qui n'entonnerait que pour elle Have You Ever Loved a Woman ?, et dans la polka trop joyeuse qu'elle ressasse, selon ses humeurs, à l'accordéon.

Un nain, un poète, Janna la musicienne, un homosexuel, Vika la vieille rombière, une hystérique... Le petit monde de l'asile dévoile un univers étrange, qui s'enchante et s'illumine lorsque Janna saisit son instrument. La musique masque ici la réalité et la transforme.

A côté de cette «maison de fous», la guerre qui fait rage apparaît dérisoire : entre les Russes et les Tchétchènes, qui pactisent pour un peu de haschisch, se perçoit la même frontière, aussi ténue, qu'entre la normalité et l'anormalité. De quel côté se trouvent les bons et les méchants, à quel poi