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Libération
Critique

C'est Mozart qu'on ratatine

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publié le 16 août 2003 à 0h37

Ala fin des années 60, Pierre Boulez souhaitait que l'on brûle toutes les maisons d'opéra, et il fut même alors question de fermer le palais Garnier pour «nullité de la programmation et de la fréquentation».

Un homme allait sauver l'Opéra de Paris au début des années 70 : Rolf Liebermann. En faisant appel aux plus aventureux metteurs en scène, Strehler, Chéreau, Lavelli. Ces francs-tireurs firent parfois scandale ­ nul n'a oublié le Ring de Chéreau et Boulez à Bayreuth ­, mais l'on s'est alors réjoui de la profondeur des analyses présidant aux choix esthétiques, on a été souvent bluffé par leur façon d'entrer en résonance avec le passé pour nous parler du présent, et été ébloui par leur goût, leur passion du spectacle.

André Engel, Peter Mussbach, Stéphane Braunschweig, Bob Wilson ou Luc Bondy, quand ils s'attaquent à des opéras, savent encore aiguiser une oeuvre sans quitter l'horizon «humaniste» dans lequel une langue, une écriture, un auteur donnent quelque chose à entendre auquel il importe de rendre justice. C'est ainsi que, forts de leur scepticisme et de leur culture, ils ont su proposer des lectures qui gardaient une force naïve, voire magique.

Car l'opéra est un art populaire, comparé à la musique symphonique ou de chambre. Mais à voir le Don Giovanni de Martin Kusej l'an dernier ou l'Enlèvement au sérail de Stefan Herheim cette année, on a le sentiment d'un contrat rompu, dans lequel le metteur en scène dispose du texte comme d'un matériau manipulable à loisir ou, pir