Michel Boujenah ne pouvait rêver meilleure conjoncture pour la sortie de son premier long métrage. Le cataclysme solaire ayant emporté 10 000 personnes dans son souffle saharien, la France a découvert, éberluée, une vaste population de «seniors» abandonnés de tous, y compris de leurs proches et du gouvernement, livrés sans secours aux supplices de l'hyperthermie. Père et fils travaille à point nommé à ressouder les générations.
Road movie. L'histoire est simple : un vieil homme, veuf, Léo (Philippe Noiret, 73 ans), s'énerve de ne quasiment plus voir ses trois fistons. Deux d'entre eux, David (Charles Berling), chef d'entreprise overbooké, et Max (Bruno Putzulu), chômeur, sont brouillés depuis cinq ans, précipitant l'éparpillement familial. Le troisième, Simon (Pascal Elbé, coscénariste, le seul de la brochette à ne pas être sinistre), tente maladroitement de sauver les meubles en restant proche de son papounet chéri, mais il accumule les tics du «kidulte», ado attardé, branleur et fumeur de joints. Léo s'invente un grave problème cardiaque et coince ses trois fils pour un ultime voyage au Canada. Le film est donc un road movie de Montréal jusqu'aux confins mordorés de la campagne québécoise.
Salué à peu près partout comme le doux retour de la comédie française plein de tendresse, Père et fils remplit ce programme. Le film essaie par instants de tirer parti de l'autodérision de Noiret, tombant dans le trou d'une tombe fraîchement creusée, abandonné dans une station-service par