Menu
Libération
Critique

Le direct de Raveonettes.

Article réservé aux abonnés
publié le 27 août 2003 à 0h43

En regardant de près les yeux de Sharin, on a du mal à imaginer la jeune femme broyant rageusement les cordes de sa guitare basse. Un bleu lagon des Maldives, d'une douceur impeccable, perce sous une frange blonde de chanteuse quasi midinette concourant à l'Eurovision. Le reste de sa personne, et son look, rectifie le tir : une démarche lourde dans des bottes en cuir noires lui confère un côté «western urbain», et là on imagine la belle Danoise défonçant chaque matin la porte du studio à coups de tatanes redoublés.

Vitesse. L'humeur expéditive colle parfaitement aux Raveonettes. Whip it on, le maxi qui les extirpa fissa des limbes de la pop nordique, règle le sort de huit chansons en seulement 24 minutes chrono. L'album, Chain Gang of Love, fait encore un peu mieux : treize titres en à peine une demi-heure. C'est dire la célérité avec laquelle les Raveonettes abordent le rock : aller à l'essentiel en un minimum de temps, sans plus de trois accords, et avec une batterie sommaire. Le rock exige cette règle mathématique simple mais, finalement, très exigeante.

Sune, l'éphèbe longiligne qui sert de voix au sein du duo, avachi dans les grandes largeurs d'un canapé d'hôtel parisien, détaille cette radicalité bon enfant : «Un morceau qui dépasse les cinq minutes est d'un ennui à mourir. Nous prônons une sorte de retour aux sources, celui du rock des années 60 où tout allait très très vite. Le punk également ne faisait pas dans la dentelle, directement à l'essentiel. Cette urgence cor