En ce moment, au forum des Halles, qui reste le «ventre de Paris», une fille fait une moulure de sa vulve dans du chocolat au lait, une autre préfère à son époux un magnifique berger allemand noir prénommé Bruno, un type en collant jette des millions sur les fesses rebondies d'une playmate, alors que des adolescents se shootent à l'héroïne pure et qu'une icône barbue de la contre-culture américaine se prend pour le Christ portant sa Croix. Sarkozy fermera exceptionnellement les yeux sur ces performances. L'Etrange Festival revient, et c'est un plaisir que de rentrer à Paris.
Maturité. Malgré tout ce qui a été promis ci-dessus (tout a été vérifié), une humeur plus timide se dégage de cette onzième édition. Comme si le festival le plus étrange visait cette année quelque chose comme la discrétion ! La maturité venue, l'espace de liberté maintenu ouvert contre vents et marées, un succès chaque année grandissant, le festival de Gilles Boulenger et Frédéric Temps entend désormais moins jouer sur le débordement qu'interroger son identité profonde, ses tréfonds, synonymes de trésors. Comment continuer à surprendre, onze ans après ? Reste-t-il seulement quelque chose à redécouvrir, même dans le cinéma déviant ?
Pour la première fois, une carte blanche est donnée à un cinéaste non pour montrer ses films mais pour dévoiler ceux qui le constituent. Le choix s'est naturellement porté sur Gaspard Noé, qui n'a pas raté une édition comme spectateur. Si l'auteur d'Irréversible n'en finit pas d