Venise envoyé spécial
«Les ravages de la drogue sont très répandus chez les gondoliers, qui gagnent facilement le double d'un professeur d'université, et seraient souvent dépressifs» (dixit le Guide bleu). Pour la reconversion professionnelle, après bilan de compétences pas très encourageant, va donc falloir trouver autre chose. L'annonce pourtant était prête : «Echange carte de presse valide contre gondole, même trouée, et battle-dress Petit Baigneur en vue permutation de postes.» La Mostra è finita. Samedi soir, à 19 heures, le palmarès sera annoncé par les présidents des deux jurys, Mario Monicelli pour la sélection Venezia 60, Laure Adler pour celle, parallèle, de Contracorrente.
Vers une île. Les rumeurs donnent deux films favoris, Buongiorno, notte de Marco Bellocchio, qui faisait vendredi les gros titres des journaux, saluant unanimement cette évocation de l'enlèvement d'Aldo Moro par les Brigades rouges, et le Retour (Vozvrashenie), un premier film russe d'Andrei Zvyagintsev. Le buzz sur ce film n'a cessé de croître depuis quelques jours, entretenu par une presse ici très lue et influente, le chroniqueur du Corriere della Sera, Tullio Kezich, parlant dès mercredi de «chef-d'oeuvre», la Repubblica affirmant que le cinéaste, né en 1964 et vivant à Moscou, ex-acteur de théâtre et réalisateur de séries télé, était devenu le type le plus photographié du festival après George Clooney. La bienveillance collective entourant le film a encore augmenté quand les gazettes ont révé