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Libération
Interview

La Vénus de cacao

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publié le 8 septembre 2003 à 0h53

Elle a un prénom masculin mais c'est une fille, au crâne rasé, sosie de Claude Cahun, l'artiste lesbienne du milieu du siècle. On se dit qu'à Johannesburg où elle vit, tout dans la dégaine de Nicola Deane doit déranger a priori. A posteriori, c'est pire : Nicola arrive à Paris pour y exécuter une performance qui devrait vite en faire une paria célèbre. Sous le titre Virgin : Home Economics, elle conte en quatre actes la découverte, par une écolière en uniforme, de l'orgasme et de la politique. Ces découvertes se manifestent en elle sous des envies inopinées de sculptures : une large partie de la performance durant, elle moule sa vulve dans du chocolat pour en ressortir un objet qui ne ressemble que de loin à une rose des sables.

Il n'en fallait pas plus pour qu'on veuille la rencontrer. Rendez-vous pris à l'heure du thé, où la petite Nicola s'accompagne de celui qui scénographie sa performance, Ariel Kaganof, Africain du Sud réfugié à Amsterdam depuis 1983, que les aficionados de l'Etrange Festival connaissent davantage comme le cinéaste Ian Kerkhof, qui signa entre autres expérimentations un document génial sur le musicien industriel Merzbow. Où l'on saura enfin quel secret referme la corolle du sexe des filles, où l'on enquêtera plus en profondeur sur le beurre de cacao comme arme subversive non encore recensée. Et où l'on sera surtout en mesure de vous dire si c'est de l'art ou du choco.

Quelle est l'origine de votre performance ?

Nicola Deane. Je suis née en Ecosse en 1979,