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Libération
Critique

Morath, bain de grace

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A Paris, le doux regard de la photographe morte en 2002.
publié le 8 septembre 2003 à 0h53

«Une fille formidable.» Robert Delpire parle d'Inge Morath comme si elle allait surgir dans un instant, et retrace ses voyages avec elle, en Iran ou en Espagne, dans les années yé-yé. Inge Morath est morte le 30 janvier 2002, à New York, à 78 ans, mais elle reste présente grâce à ses photographies, où l'on retrouve intacte sa distinction naturelle. Comme dans son autoportrait minéral avec tricot à rayures et gourmette au poignet gauche.

Delpire a choisi 75 images, des petits formats cernés par des cadres blancs qui soulignent la douceur de cette femme d'une beauté bergmanienne, et son regard intelligent. Même aujourd'hui, c'est frappant de voir qu'elle essaie de prendre le meilleur du monde, de le rendre gracieux, acceptable pour tous. Dans ses portraits aussi, jamais d'embrouille ni de désir de nuire ; juste le plaisir, parfois le saisissement de la rencontre, comme la soeur de Picasso, impériale. Ou Anaïs Nin comme assise sur un tapis volant, avec un air de diseuse de bonne aventure (qui pourrait mal tourner dans la seconde).

Romanesque. Morath aimait parler au point de pratiquer sept langues (dont le mandarin et le roumain), et savait décrire merveilleusement sa vie, assez romanesque à vrai dire, avec un brin d'Hollywood : n'allait-elle pas épouser l'homme qui avait épousé Marilyn Monroe ?

Née en Autriche le 27 mai 1923, Inge Morath travaille comme interprète de 1946 à 1949. Au con tact d'Ernst Haas, elle se familiarise avec la photographie, avant de croiser Robert Capa, le