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Libération
Critique

Gao Xingjian élève l'encre

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publié le 11 septembre 2003 à 0h57

envoyé spécial à Aix-en-Provence

L'actualité rectifie les meilleures intentions. Ainsi pouvait-on lire en juillet, sous la plume du conservateur du musée des Tapisseries où se tient l'exposition Gao Xingjian, que, «dans cette période estivale, à Aix-en-Provence, la musique envahit la ville et le Festival international d'art lyrique résonne d'opéras et de concerts dans l'ancien palais archiépiscopal». Les intermittents en décidèrent autrement : une seule soirée aura pu se dérouler au palais. Mais, imperturbable, le texte continuait à prophétiser : «Nul doute que des affinités électives surgiront entre les encres de Gao Xingjian et la programmation du festival, qu'en ce lieu ces deux arts se mêleront.» Tellement électives, les affinités, que les grands tableaux ont dû se contenter du silence environnant.

Aphorismes. L'anecdote, comique malgré elle, est symptomatique d'un lieu commun indéboulonnable sur le travail de l'artiste chinois naturalisé français en 1997. Même Marie-José Mondzain (1), qu'on a connue plus inspirée, sacrifie au cliché selon lequel le peintre fait de son art une musique. Dans sa Lettre à Gao Xingjian, elle ne man que pas de rappeler que «le calligraphe laisse la place au musicien de la forme et des mots».

Pourquoi faut-il qu'un homme célèbre, récompensé par le prix Nobel de littérature en 2000 et par la Légion d'Honneur, unanimement admiré comme romancier, auteur dramatique, essayiste, metteur en scène et peintre, se voie régulièrement encensé pour ses qualit