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Libération
Critique

«Canal-Briare» : la vraie vie devant soi

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publié le 12 septembre 2003 à 0h58

Il y a deux ans, la metteure en scène Laurence Février arpentait les rues de son quartier de la Goutte d'Or à Paris, caméra au poing. Elle poussait les portes des boutiques, franchissait le seuil des voisins, pour leur poser une seule question : c'est quoi pour vous, vivre ici aujourd'hui ? Chaque entretien, retranscrit à la respiration près, était confié à un acteur. Ainsi sont nés la Retraitée de l'EDF, l'Ecrivain public, l'Exilée et les autres personnages de Quartiers-Nord (1).

Prise au jeu du théâtre documentaire ­ qui se souvient aussi bien de Zola que de Bourdieu ­, Laurence Février est repartie, cette fois en région Centre, à la rencontre des habitants de Briare, localité de quelques milliers d'âmes non loin de Montargis. Comme pour le spectacle précédent, la mise en scène de Canal-Briare est minimale, seule la lumière qui donne le départ rappelle que nous sommes au théâtre. Une table, deux chaises et, de part et d'autre, face au public, l'Enquêtrice (jouée par Laurence Février) et un personnage, le Médecin, assumé avec un naturel plein d'entrain par l'acteur Philippe Avril qui, selon le principe, n'a ni vu, ni entendu son modèle.

«Le cabinet, c'est le théâtre, je suis en représentation ! Les gens ne viennent pas voir un type mal fichu qui fait la tête, mais le médecin», s'exclame le docteur, conscient de son rôle dans cette commune où l'anonymat n'existe pas. «Tout est dans la parole», martèle le médecin, qui semble content, pour une fois, de libérer la sienne. Le résu