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Libération
Critique

Jobin, génie de mêlée.

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publié le 12 septembre 2003 à 0h58

Festival suisse de référence, qui aime à mêler musique, théâtre et danse, La Bâtie a passé commande au non moins Suisse Gilles Jobin, chorégraphe de la trempe d'un Boris Charmatz. Le deal était que ce contemporain travaille avec le Ballet du Grand Théâtre de Genève. Qu'est-il advenu ? Non pas la transcription d'une pièce con tem po rai ne pour un ballet. Ni une énième Giselle new look. Mais un travail de fond entre un chorégraphe ­ et quel chorégraphe ! ­ et des interprètes plongés dans l'aventure de la création.

Tout avait été mis en oeuvre pour éviter la pièce tranquille, bien faite et bien dansée, sans question ni réponse. Two-thousand-and-three a bénéficié de neuf semaines de résidence. Jobin est arrivé avec sept fidèles complices, danseurs, musiciens, éclairagistes. Et le résultat vaut plus encore que les applaudissements d'une salle comble et enthousiaste, tant il casse le malentendu persistant entre classiques et contemporains, à qui servira mieux l'autre, à qui sera le meilleur donneur de leçon, etc.

Fourmillement. La scène est nue. Les rampes de projecteurs accrochées dans les cintres éclairent l'ensemble. On ne voit pas trop les visages des danseurs. D'ailleurs, ils ont la tête légèrement baissée, les épaules tombantes, le bassin souple. Ils ne sont pas pour autant avachis. La tenue est autant mentale que musculaire. Dans cette pièce d'une heure, tout commence avec des marches démarrées par de légères pressions sur le corps de l'autre. Puis le groupe se forme, telle