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Libération
Critique

Des agités dans le polar

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publié le 13 septembre 2003 à 0h58

Deauville envoyé spécial

On commence à mieux lire la leçon principale du XXIXe Festival de Deauville qui se clôt ce week-end : le cinéma américain se cherche et se réinvente. Il est dans une phase manifeste d'expérimentation, qui con jugue curieusement énergie et pessimisme. Même le polar, registre canonique, est agité par ce qui ressemble à un besoin de divaguer, bifurquer, respirer, comme trois films, inégaux, sont venus le démontrer.

Le mieux roulé, mais aussi le plus racoleur, est sans doute Confidence de James Foley, dont le scénario embobine à la façon d'Usual Suspects : narrations mensongères, flash-backs tronqués, duperies identitaires dans un Los Angeles où le gang de Jake, belle crapule aristo, peaufine un gros coup. Nuance de taille : les flics sont de mèche, à des degrés divers de corruption mais aussi opposés entre eux (police, stups, FBI, etc.). Malgré le parfum d'arnaque généralisée grossièrement vaporisé sur chaque scène, le film nous fait cette faveur de rester un jeu à déchiffrer : on avance à sa vitesse et l'on s'amuse de son maquillage outrancier. Plusieurs scènes du duo Edward Burns-Dustin Hoffman méritent le détour : le jeune caïd s'y fait humilier par le vieux dans une geste d'un sadisme parfaitement amoureux. Ces moments sont en tout cas bien plus convaincants que les multiples expérimentations visuelles déployées par le metteur en scène pour donner à son Confidence une inutile consistance chic : fondus enchaînés grandiloquents, incrustations lettristes