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Libération
Critique

A Filetta est fier dans son fief corse

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publié le 17 septembre 2003 à 1h02

Entre trois et trente, hommes et femmes, ils se tiennent en arc de cercle, parfois par l'épaule, la main à l'oreille. Le premier chanteur commence en lamento, suivi par une ou plusieurs voix de basse, des voix tierces entrent dans cette danse vocale, aiguisent et enjolivent le chant. Le choeur vibre.

Vivace. Les Rencontres polyphoniques de Calvi, malgré leur nom, ne sont pas un festival exclusivement dédié à ce chant harmonique. La polyphonie est un art vocal qu'on trouve encore vivace dans le Caucase, au Tibet ou chez les Pygmées d'Afrique centrale. Dans le nord de la Corse, au sein du fief d'A Filetta, l'un des groupes emblèmes du genre, on peut croiser cette semaine des formations venues du Maroc, d'Azerbaïdjan ou de la Réunion avec la voix de Danyel Waro.

A Calvi, les racines noires du maloya rencontrent celles d'un autre alliage de l'autre bout de l'Afrique : la pulsion gnaoui, aiguillonnée par la basse guembri du maître ma'allem, Abdelatif El Makhsoumi de Marrakech. Alim Qasimov est lui la plus célèbre voix du mugam, litanie d'Azerbaïdjan et d'autres Républiques d'Asie centrale. L'Italie, avec son quatuor féminin Assurd, exhume les traditions oubliées de la Camanie, des Pouilles, de Calabre ou de Lazio. La chanteuse-actrice napolitaine Antonella Morea met en scène la chanson du sud italien avec des accents jazzy.

«Résignés». «Ici, il n'y a pas de vedettes, de gros cachets. Les groupes viennent pour le goût des rencontres artistiques et le cadre», remarque Jean-Claude Acqu