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Critique

La «Flûte» de classe à l'usine

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La Fura dels Baus propose un Mozart joliment SF à la Ruhr Triennale.
publié le 17 septembre 2003 à 1h02

Ouverte en avril, la deuxième saison de cette première édition de la Ruhr Triennale multiplie les audaces. A l'image de son directeur Gérard Mortier, révélé à la tête de la Monnaie de Bruxelles dans les années 80, confirmé à la direction de Salzbourg dans les années 90, et attendu l'an prochain aux délicates commandes de l'Opéra de Paris, détenant sans doute le record mondial du préavis de grève. Les lieux du festival (un ensemble de 16 usines, aciéries, centrales à gaz réhabilitées avec des moyens inouïs) balisant la Ruhr sont à eux seuls un motif de ravissement. Et une invitation au rêve, tout du moins pour la Fura dels Baus, collectif catalan qu'on ne présente plus, déjà responsable d'une Damnation de Faust pour Mortier à Salzbourg et invité ici à mettre en scène la Flûte enchantée (1).

Voix de speakerine. Monter le singspiel mozartien comme le rêve de Tamino, d'autres, tel Stéphane Braunschweig à Aix-en-Provence, l'ont déjà fait. Mais les metteurs en scène Alex Ollé et Carlos Padrissa ne manquent pas d'idées. A commencer par le remplacement discutable des récitatifs de Schikaneder, par des poèmes de leur compatriote Rafael Argullol, enregistrés par une voix de speakerine sur fond de vrombissement d'usine, et projetés sous forme de lettres animées évoquant le travail de la plasticienne Jenny Holzer.

Le reste du dispositif est plus ludique : matelas gonflables géants emprisonnant des personnages avant de se transformer en portes de temple, vérins hydrauliques télécommandés e